Nouvelle Chaire de Recherche AXA sur la gestion de la qualité de l'eau à la VUB, dotée d'1 million d'euros

La Chaire de Recherche AXA sur la qualité de l'eau et le changement global, menée par l’hydrologue et professeure à la VUB, Ann van Griensven a été officiellement lancée le 18 janvier à la Vrije Universiteit Brussel, en présence d'Etienne Bouas-Laurent, PDG d'AXA Belgique. Dotée d'un financement de 1 million d'euros par le Fonds AXA pour la Recherche, la Chaire entreprendra trois initiatives de recherche significatives afin aborder les défis mondiaux de la qualité de l'eau dans le contexte du changement global.

Grâce à la Chaire de Recherche AXA, la professeure Ann van Griensven entend mettre en place un réseau mondial de surveillance de la qualité de l’eau. Les données collectées alimenteront des modèles destinés à aider les gouvernements à mieux gérer leur politique dans ce domaine, comblant ainsi le fossé qui sépare les scientifiques des décideurs politiques.

Les rivières, les lacs et les aquifères sont vitaux pour notre planète. Ils nourrissent les écosystèmes, fournissent de l’eau propre, soutiennent l’agriculture, font office de tampons climatiques et préservent la biodiversité. « Malgré cela, nous sous-estimons dangereusement la menace urgente que représente la pollution de l’eau dans le contexte du changement climatique mondial », explique Ann van Griensven. « Cette négligence a des conséquences considérables puisqu’elle met en danger la santé publique, la stabilité écologique, la résilience économique, la sécurité alimentaire et la justice environnementale. Cinquante pour cent des décès d’enfants sont liés à la mauvaise qualité de l’eau. Il faut des stratégies mondiales pour s’attaquer à ces problèmes. Il est temps d’agir, car la pollution dans le contexte du changement global augmente en raison de l’interaction complexe entre le changement climatique, l’urbanisation croissante, l’industrialisation et l’évolution des schémas d’occupation des sols. »

Le changement climatique, ainsi que les conditions météorologiques extrêmes et les fluctuations saisonnières, la croissance démographique et les changements dans l’affectation des sols, ont des conséquences majeures à long terme sur la qualité de l’eau des rivières, des lacs et des réservoirs. La détérioration de la qualité de l’eau menace l’environnement, nos services écosystémiques, des secteurs économiques clés (production d’eau potable, pêche, etc.) et même la santé mondiale. Généralement, les études scientifiques passent sous silence les effets du climat sur la qualité de l’eau. Pour combler cette lacune, Ann van Griensven souhaite créer un réseau mondial de surveillance de la qualité de l’eau à haute résolution qui permettra aux modèles de prédire les conséquences du changement climatique sur la qualité de l’eau. Pour ce faire, elle collaborera avec des partenaires scientifiques et politiques locaux.

« Les nouveaux modèles nous permettront de prédire les paramètres de qualité de l’eau, d’identifier les sources de pollution et de protéger les services écosystémiques », explique Ann van Griensven. « Mais pour cela, nous avons besoin de données en suffisance à l’échelle planétaire. Actuellement, la disponibilité des données sur la qualité de l’eau varie considérablement d’un pays à l’autre. De ce fait, la qualité de l’eau demeure un problème invisible. Nous voulons nous attaquer à cette question en optant pour de meilleures méthodes de collecte de données, et ce en impliquant les populations locales. Histoire de visibiliser l’invisible. »

Étude de cas belge dans le bassin de l’Escaut

Le réseau mondial fera usage de capteurs de l’internet des objets (IoT) à faible coût qui seront installés en collaboration avec des partenaires. Les capteurs, en cours de développement à la VUB, doivent déterminer la température, la turbidité, la conductivité électrique et la teneur en nitrates et en oxygène de l’eau. Les données collectéesseront fusionnées avec les données de télédétection et les observations locales à l’aide de l’intelligence artificielle.

L’utilité du modèle ne se limitera pas aux pays étrangers exotiques ; une étude de cas sera également réalisée en Belgique, plus particulièrement dans le bassin de l’Escaut. Ce bassin est une zone agricole importante, et le transport fluvial – incluant le port d’Anvers – est un facteur économique vital. Le bassin de l’Escaut joue également un rôle majeur dans la biodiversité. « Cependant, la région est aux prises avec des problèmes environnementaux tels que la pollution due aux activités industrielles et agricoles et la gestion des inondations qui, en raison du changement climatique, est en train de se muer en défi », explique Ann van Griensven. « Le bassin connaît une dégradation de l’habitat due à l’urbanisation, aux espèces invasives et aux problèmes de qualité de l’eau. »